ADELAIDE
Originellement habitée par les aborigènes Kaurna, la région d’Adelaide est déclarée province britannique en 1836 : aujourd’hui encore, le 28 décembre, sobrement appelé « Proclamation Day », est un jour férié dans l’état du South Australia. Contrairement à la majorité des capitales d’état, Adelaide n’a pas été fondée sur le dur labeur des bagnards : sur les rives du golfe Saint Vincent s’est installée une colonie d’hommes libres revendiquant leurs droits civiques et fuyant les persécutions religieuses. C’est peut-être pour cette raison que de nombreuses cathédrales catholiques, anglicanes, luthériennes ou encore baptistes ont été édifiées à travers la capitale, lui conférant son surnom de « City of Churches », la ville aux églises.
La jetée de Glenelg au coucher du soleil.
Le colonel William Light, première personne à avoir effectué l’étude topographique de la région en 1823, a été le principal architecte de son développement urbain : ville soigneusement planifiée, Adelaide bénéficie dès sa construction de grands boulevards à angles droits espacés de squares à intervalles réguliers, le tout ceinturé d’un vaste réseau de jardins publics. La ville, baptisée Adelaide en l’honneur de l’épouse du roi William IV d’Angleterre, entame lentement son chemin vers la prospérité avec l’établissement d’élevages de moutons et de champs de blé. Après des débuts difficiles durant lesquels d’importantes dettes sont contractées, la cité parvient à prendre pied et exporte laine, viande, fruits et céréales, et son indépendance économique est fortifiée par la découverte de mines de cuivre, qui attirent un grand nombre de travailleurs et génèrent de bons revenus.
A son harmonieuse organisation urbaine, Adelaide ajoute un cadre naturel de toute beauté : les rivages de ses banlieues ouest sont composés de longues plages où viennent s’écraser les vagues du golfe de St Vincent, tandis que sur la terre ferme une vaste étendue de collines verdoyantes, les Adelaide Hills, entoure la ville. Le large fleuve Torrens s’étend de l’un à l’autre, et son cours serpentin, ombragé par les grands arbres des « parklands », traverse le centre-ville. Dans cette cité déjà riche en parcs municipaux, les oiseaux sont ravis : cacatoès perchés sur un lampadaire, flopée de perroquets multicolores venant se nourrir du nectar des fleurs à grands cris et cygnes noirs glissant gracieusement sur l’onde de la rivière font partie du quotidien pour les habitants. Eux aussi tirent pleinement parti de leur « ville verte » : les pelouses invitent au pique-nique et à la détente, tandis que promenades piétonnes et pistes cyclables permettent de se dégourdir les jambes en toute tranquillité.
Si les autres capitales australiennes ont misé sur le verre et l’acier des gratte-ciels, Adelaide a quant à elle choisi de conserver une architecture plus traditionnelle : même en plein centre, les bâtiments de pierre ne dépassent pas quelques étages. Le résultat ? Une ville à taille humaine à l’atmosphère calme et abordable. Le centre-ville est scindé en deux par sa voie de circulation principale, King William Road, qui débouche sur la grande place de Victoria Square. A pied et en touriste, l’activité se centre plutôt sur Rundle Mall, principale artère piétonne et commerçante, et autour deGouger Street, la rue de tous les délices. Eh oui, la renommée gourmande des habitants d’Adelaide n’est plus à faire ! Sur Gouger Street, le Central Market est une incontournable institution : un marché couvert où se vendent bien évidemment fruits et légumes frais, mais également des sélections de fromages français, de la charcuterie allemande, de multiples épices asiatiques, des bibliothèques entières de cafés et de thés en provenance des quatre coins du monde, du gibier de toutes sortes (c’est l’occasion de goûter de juteux filets d’émeu ou de kangourou !), ou tout simplement de riches muffins au chocolat surmontés d’une onctueuse ganache… et comme si cela ne suffisait pas,bistros et restaurants occupent le reste de la rue : ici, quelques enjambées suffisent pour goûter tour à tour à la cuisine coréenne, argentine, japonaise, italienne ou indienne.
Pour arroser copieusement un tel florilège de saveurs, les australiens méridionaux ont bien compris qu’il leur fallait consommer des breuvages à la hauteur : l’état a la réputation de produire les meilleures bières et les plus bons vins du pays. C’est en banlieue d’Adelaide que se trouve la brasserie Coopers, label fondé à la fin du 19ème siècle et accolé à une série de bières, blondes et brunes, renommées pour leur saveur. Un goût marqué qui provient entre autre des sédiments de fermentation qui troublent le liquide même une fois mis en bouteille – un petit détail qui étonne souvent les australiens d’autres états, habituées à une bière autrement plus légère et transparente ! Par-delà la banlieue, un environnement idéal aux vignobles : les Adelaide Hills, la Barossa Valley et le McLaren Vale sont toutes de grandes régions viticoles. Les cépages sont nombreux : sauvignon blanc, pinot noir, chardonnay ou syrah, chaque week-end peut être un excellent prétexte à une nouvelle dégustation.
A l’opposé des collines, côté ouest, la douceur de vivre sauce Adelaide se découvre aussi dans les quartiers du bord de mer : en tête de liste, Glenelg, plage la plus populaire de la cité, et lieu de la première proclamation de la colonie. En été, l’artère principale et la promenade du front de mer sont animés par des foules d’autochtones comme de touristes qui, unis sous la bannière du combo tongues-short-tshirt, viennent ici prendre un verre au bar, se rafraîchir d’une glace ou emporter leur fish’n’chips sur la longue plage de sable blanc. Une jetée s’y élance en direction de l’horizon, reconvertie en plongeoir par les jeunes et en plate-forme de lancer par les pêcheurs du dimanche, qui remontent poisson frais et petites pieuvres. Le climat méditerranéen d’Adelaide contribue à l’ambiance paisible et décontractée, avec des étés chauds et secs qui compensent pour les hivers froids et pluvieux.
Bien que le caractère calme et relax de la cité lui crée parfois une réputation de « ville morte » auprès des backpackers, qui se plaignent de l’absence de « night life », Adelaide rend justice au surnom de l’état du South Australia : the Festival State. Chaque année, durant les mois les plus ensoleillés, se tiennent ici deux des plus grands festivals d’Australie : le WOMADelaide et l’Adelaide Fringe. S’étendant respectivement sur 4 jours et 3 semaines, ces événements rassemblent une foultitude de manifestations artistiques en tous genres, depuis les spectacles de théâtre, de danse et de cabaret aux concerts endiablés où se succèdent tous les styles de musique. Des artistes venus des quatre coins du monde, de l’Australie à la Colombie en passant par la France ou la Turquie, se produisent ici : c’est l’occasion de découvrir des talents insoupçonnés, ou d’assister aux représentations de grosses pointures comme Angus et Julia Stone. Une diversité musicale et culturelle bien illustrée par la signification de l’acronyme WOMAD : World of Music, Arts and Dance. Le reste de l’année, c’est l’Adelaide Entertainment Center, dôme immaculé situé non loin des rives du Torrens, qui prend le relai des manifestations culturelles : la variété est ici aussi de mise entre les acrobates du Cirque du Soleil, les concerts de stars comme Kylie Minogue ou Kings of Leon, les spectacles de dressage équestre ou les représentations classiques d’orchestre et d’opéra.
La région d’Adelaide au sens large séduira aussi les amoureux de nature et de week-ends et vacances placés sous le signe de la détente : à une centaine de kilomètres au sud, Kangaroo Island est la destination touristique la plus célèbre de l’état. Après une brève traversée en ferry, l’île de 150 km de long par 60 km de large ouvre au visiteur un univers battu par les vagues et le vent, où les plages de rêve succèdent aux falaises accidentées. La terre est habitée de wallabies et de koalas, la mer de dauphins, de baleines, d’otaries, de lions de mer et de pingouins. Si un tiers de la surface de l’île est dédié à la protection de la faune et de la flore, le reste est exploité pour les besoins humains. Et selon les bonnes habitudes du South Australia, cela signifie que le terroir est en grande partie dédié à la production d’aliments de gourmet : miel, yaourts, fromages et vins, une récolte complétée par la pêche et l’aquaculture qui apportent poisson frais, langoustes et homards à la table. Des petits gueuletons à dépenser en s’initiant sur place au surf (sur les vagues ou sur les dunes !), au kayak ou au quad.
Si vous n’avez ni le temps ni les moyens de vous rendre jusqu’à Kangaroo Island, pas de panique : même à proximité de la ville, il est possible de satisfaire son envie de verdure. A la frontière des dernières banlieues, les collines s’ouvrent sur plusieurs parcs de conservation. Le parc animalier de Cleland permet de faire connaissance avec de nombreux animaux australiens qui évoluent ici en semi-liberté, tandis que le sommet du Mount Lofty confère une vue imprenable sur la capitale et ses environs. Avec la ville à ses pieds et un restaurant panoramique derrière soi, difficile de ne pas se dire que vue d’en haut comme d’en bas, Adelaide a tout pour plaire.