CANBERRA
L’emplacement même de cette étonnante capitale nationale fut choisi dans cette notion de compromis : Canberra a été érigée entre Melbourne et Sydney, bien qu’un tant soit peu plus près de cette dernière. Canberra ne fait pourtant pas partie de l’état du New South Wales. Afin de préserver sa neutralité, la ville se situe au creux de sa propre enclave d’indépendance, l’Australian Capital Territory. D’une superficie de 2358 km², il s’agit là du plus petit territoire d’Australie, et en dehors de Canberra et ses banlieues, il ne se compose vraiment que du grand parc national de Namadgi, extrémité nord des Alpes australiennes.
Cette situation rurale fait de Canberra une ville qui n’a rien d’une métropole aussi urbanisée et cosmopolite que les capitales d’état, mais plutôt un air de grand bourg provincial moderne : à seulement 350.000 âmes, Canberra n’abrite même pas 10% de la population de Sydney. Par conséquent, il s’agit d’une ville plus paisible et détendue, où la part belle est faite aux jardins et à la nature. Le caractère arbitraire et planifié de la conception de la ville a permis à ses architectes de s’en donner à cœur joie pour soigner une présentation aux petits oignons : de grands axes géométriques relient les différents bâtiments phares de la cité, méticuleusement étalée autour de la pièce maîtresse de son paysage, le lac Burley-Griffin.
Depuis les airs, ou même les hauteurs des collines environnantes, le design de Canberra devient immédiatement plus apparent : tels des pattes d’araignées, plusieurs axes routiers majeurs s’échappent du cercle de Capital Hill, ronde et verte colline surmontée par l’étrange silhouette du parlement. Le plus important de ces axes, Commonwealth Avenue, s’élance alors d’une rive à l’autre du lac pour rejoindre le rond-point du City Circle, noyau du centre-ville. D’un côté comme de l’autre, les rues s’étendent en cercles concentriques autour de ces points névralgiques. Des touches de vert omiprésentes sous forme de parcs et pelouses agrémentent l’ensemble, et piétons comme cacatoès y profitent de la fraîcheur ombragée des arbres.
Mais ce qui fait véritablement la force et la renommée de Canberra auprès de ses visiteurs, c’est son aspect culturel.Amateurs d’art, de politique, d’Histoire ou encore de science seront ici aux anges grâce à un impressionnant éventail de musées, galeries et bâtiments notables.
D’entre tous, c’est le National Museum of Australia qui tire en premier son épingle du jeu, et dont les expositions aussi ludiques qu’intéressantes pourront à juste titre attiser la curiosité de tous. Construit sur les rives du lac Burley-Griffin en 2001, le musée national se distingue d’emblée par son architecture atypique dans laquelle on retrouve indiscutablement la patte Canberra : les grands arceaux colorés qui accueillent les visiteurs dans la cour n'en sont que le début. A l’intérieur, le musée expose une impressionnante collection d’informations et d’artefacts sur la géographie, l’histoire, la faune et la flore du continent, et met également l’accent sur l’aspect humain et multiculturel de la civilisation australienne. L’un dans l’autre, une longue journée passée au National Museum of Australia vous permettra d’acquérir une solide base de connaissances sur le pays, toile de fond idéale à de futures découvertes sur le terrain.
Un autre site culturel incontournable à Canberra est l’Australian War Memorial, qui se dresse au bout de la longue ligne droite d’Anzac Parade. Un nom d’avenue qui n’a pas été choisi au hasard : ANZAC est un acronyme signifiant Australian and New Zealand Army Corps. En Australie, Anzac Day est un jour de fête nationale célébré chaque année le 25 avril en l’honneur de la bataille de Gallipoli, Turquie, au cours de la première guerre mondiale. Car il faut savoir que malgré son éloignement géographique, l’Australie a bel et bien pris part aux conflits des deux guerres mondiales du côté des forces alliées, et aujourd’hui encore tous les bons citoyens sont fiers de leurs soldats, surnommés « diggers ». C’est en leur honneur qu’a été érigé l’Australian War Memorial, où vous pourrez en apprendre davantage sur le passé militaire des australiens.
De l’autre côté du lac, sur la rive sud, vous pourrez diluer un peu de douceur dans ce monde de brutes en visitant la National Gallery, où reposent des milliers d’œuvres d’art. Peintures en provenance des quatre coins du monde – notamment, d’Australie et du Pacifique – composent l’essentiel de cette vaste collection, secondées par une sélection de sculptures, de photographies et d’artisanat. L’occasion de revisiter ses classiques, de Cézanne à Monet et de Pollock à Warhol, mais également de débuter sa culture en matière d’art aborigène, qui est sans doute la plus grande force de la galerie, et offre le plus de dépaysement.
Voisin de la galerie, le Questacon ravira les savants fous en herbe avec ses expositions interactives sur la science et la technologie, à tel point qu’on pourrait presque le qualifier de moitié musée, moitié parc d’attraction : une sortie particulièrement populaire auprès des familles… et des grands enfants. Dans la même lignée le centre de découverte du CSIRO (Australian Commonwealth Scientific and Research Organization), toujours à la pointe des nouvelles découvertes australiennes, dévoile des informations sur ses recherches en matière d’énergie verte, de biodiversité ou encore de changement climatique.
Un peu excentré par rapport au cœur de la city, le centre du CSIRO se trouve au pied de Black Mountain – ce nom un tantinet optimiste désigne en réalité une grande colline qui accueille sur ses pentes boisées les jardins botaniques de Canberra. La végétation australienne endémique se taille ici la part du lion, et les allées serpentent entre eucalyptus et acacias, en passant par le mince goulet dont les replis accueillent un échantillon de forêt pluviale. Dans les arbres, des perroquets rouges et bleus, les crimson rosellas (ou perruches de pennant, en bon français), observent les passants d’un air curieux, et parfois les hèlent d’un cri aigu. A terre, c’est la robuste silhouette des dragons d’eau, de grands lézards dont l’aspect épineux dément le caractère inoffensif, qui se faufile de buissons en buissons. Libres et sauvages, ces animaux sont des habitants communs de la nature environnante, qui ont de leur propre chef choisi d’élire domicile dans le havre des jardins.
Canberra connait des étés chauds et secs, des hivers froids et ses records historiques de températures s’étalent de -10° à 42° ! Sa proximité aux montagnes entraîne qui plus est un temps changeant, et l’on s’aperçoit bien vite que Canberra pourrait aisément concurrencer Melbourne sur sa réputation de ville aux quatre saisons en une seule et même journée.
Cette déroutante météo ne décourage toutefois pas les habitants de Canberra de passer du temps à l’air libre, et quelques grands événements annuels permettent d’unifier les aspects naturels et culturels de la cité – car que serait Canberra sans ses festivals ?
Les festivités s’enchaînent rapidement en début d’année, avec trois festivals en autant de mois. A la mi-février, c’est leNational Multicultural Festival (cette année, du 11 au 13 février) qui ouvre le bal en célébrant la musique et les danses du monde entier, des îles du Pacifique à la Grèce en passant par la Turquie et bien sûr des groupes aborigènes traditionnels. En mars (cette année, du 11 au 20) c’est le Canberra Festival qui prend le relais : après avoir fêté le monde entier, il est temps de faire honneur à la ville elle-même. Pour l’occasion, les manifestations incluent concerts et feux d’artifice à Commonwealth Park, lancement de dizaines de montgolfières dans les cieux de la capitale, compétition de courts-métrages et cérémonie décernant un prix au citoyen de l’année. Les célébrations se poursuivent en force à la fin avril (cette année, du 21 au 25) lors du National Folk Festival où chanteurs, danseurs, poètes et conteurs viennent faire vibrer les scènes d’Exhibition Park. Le dernier événement majeur de l’année intervient au printemps (cette année, du 17 septembre au 16 octobre) et offre calme et repos après toute l’énergie dépensée à faire la fête : Floriade est un festival des fleurs où bourgeons et pétales envahissent Commonwealth Park par millions pour le plaisir des yeux. Mais comme le repos n’est jamais bien long, Floriade propose également musique, grande roue et marchés de nuit, le tout dans le cadre de ses jardins fleuris !